L’an passé, après le Festival d’Annecy, les personnes accréditées avaient reçu un questionnaire visant à établir un bilan carbone : elles devaient par exemple indiquer le moyen de transport utilisé pour se rendre sur le festival, et donner quelques informations sur les trajets sur place.
Nous avions demandé à CITIA, qui organise le Festival, quand les résultats seraient connus : les voici enfin !
Image d’en-tête : Disney-Pixar
Un long chemin
Si comme l’équipe 3DVF vous allez depuis de nombreuses années au Festival d’Annecy et au MIFA, vous savez sans doute déjà que cet évènement part de loin. De gros efforts ont déjà été faits. On se souvient par exemple de l’époque où l’on recevait en récupérant son accréditation une quantité assez massive de documents papiers, avec de gros livres détaillant le programme et les informations qui sont désormais accessibles sur la plateforme en ligne. La question des déchets se posait donc déjà.
Si avec les années des efforts ont déjà été faits, la fréquentation du festival a fortement augmenté (15 820 personnes accréditées l’an passé), démultipliant l’impact. Avoir une vision plus claire des points à améliorer devenait donc urgent.
D’où la démarche lancée l’an passer, qui vise à cibler les points les plus problématiques. Faut-il s’attaquer en priorité au sujet des déplacements, à la climatisation des salles et du MIFA, aux transports de matériel ? Quel est l’impact des ressources en ligne, des repas ? C’est à ce type de questions que le bilan a tenté de répondre.
Les résultats
Voici la synthèse du bilan. Annecy représente donc 6 905 tCO2e (tonnes d’équivalent C02). La majeure partie vient des accrédités, chaque personne venant au Festival représentant environ 440kgC02e.
Les transports constituent la grosse majorité des émissions, suivis par les « intrants » : autrement dit, les achats, locations de produits et services nécessaires pour la tenue du Festival d’Annecy et du MIFA. Le fret arrive derrière, suivi par des catégories ayant un impact bien plus minime. La climatisation a par exemple un impact assez limité, en raison du mix énergétique français.
Précisons d’emblée que ce type de bilan comporte des biais. Comme cela était souligné durant des conférences sur le sujet lors du dernier SATIS, par exemple, réaliser un bilan exact relève de la mission impossible. Une variation du périmètre étudié peut fortement influencer le bilan. Plus que le chiffre global, c’est donc la répartition des catégories et leur évolution dans le temps, à périmètre identique, qu’il sera important d’étudier.
Zoom sur les transports
Les transports ayant ici un impact colossal, cette catégorie a été détaillée davantage dans les éléments rendus publics (uniquement en français, malheureusement). Le premier visuel différencie l’équipe CITIA (qui organise le Festival) et les accrédités. Sans surprise, pour ces derniers, les déplacements longue distance dominent les émissions : un avion depuis les USA va émettre bien plus par personne que les navettes entre Bonlieu et le MIFA.
Le second visuel souligne à quel point le choix du mode de transport peut jouer : train, mobilités douces sur place ayant un impact réduit voire négligeable face à l’avion, la voiture.
Un bilan carbone, et après ?
Un bilan carbone, c’est bien, reste encore à en faire quelque chose. CITIA explique que l’objectif est d’en tirer un plan d’action, avec plusieurs objectifs.
Si l’impact de l’avion semble difficilement évitable dans le cadre d’un festival physique et international, de nombreuses mesures peuvent néanmoins être prises.
Il s’agira par exemple, détaille le bilan, de favoriser les mobilités douces et partagées à Annecy, de maîtriser les consommations en énergie, eau, papier.
Les évolutions du côté de l’alimentation, des déchets, des achats sont aussi évoqués, de même que la sensibilisation auprès du public de l’événement. Un mécanisme de compensation carbone est aussi listé dans les actions possibles.
Ces points impliquent de remettre en question des pratiques de longue date, ce qui ne se fera pas en un claquement de doigts mais peut avoir de vrais impacts. Et bien des comportements vus comme immuables peuvent, en pratique, évoluer.
Ainsi, l’an passé au NewImages Festival à Paris, une des entités présentes expliquait avoir réussi à se passer de voiture pour aller exposer des projets sur les salons, en choisissant son matériel d’exposition de façon à ce qu’il puisse se replier et soit transportable en train.
On pense également au traditionnel sac offert dans d’innombrables salons et festivals, dont Annecy : on peut se demander s’il est vraiment nécessaire de donner des quantités astronomique de tote bags en coton qui finissent généralement au fond d’un placard ou d’une poubelle.
Il conviendra évidemment de vérifier concrètement les résultats des mesures prises, dans les années à venir. Au-delà du Festival d’Annecy et du MIFA, on espère aussi que cette démarche entraînera une réflexion plus large au sein des organisateurs d’événements liés à l’animation, et incitera les studios présents au Festival à adopter ce genre de démarche à leur échelle.
Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet dans les mois et années à venir.
L’article Le Festival d’Annecy dévoile son premier Bilan Carbone : voici votre impact est apparu en premier sur 3DVF.